Chine, developpement et pollution

L'écologie, si elle est couramment évoquée de manière démagogue, reste dans les faits une préoccupation très secondaire des décideurs. C'est pourtant un des sujets majeurs du 21eme siècle dans la mesure ou l'existence même de l'être humain est liée à l'état de la planète. C'est aussi une question de respect de ce qui nous est donné (de ce qui existe). Il y a dans la nature humaine une forme d'arrogance à considérer l'existence des autres êtres vivants comme moins précieuse que la sienne, à ne pas se considérer comme un parmis les autres. Je clos la mon laïus. Mais je fais suivre un article lu sur yahoo actualité ce matin, un article comme on peut en lire tant d'autres, un article tout bonnement révoltant.

Les villes chinoises malades de leur croissance effrénée



PEKIN (AFP) - La rapidité de l'urbanisation et de l'industrialisation en Chine est synonyme de pollution aggravée, menaçant la santé des citadins tandis que les infrastructures nécessaires à un développement durable font encore souvent défaut.

Les villes chinoises comptent aujourd'hui plus de 520 millions d'habitants, contre environ 200 millions il y a 25 ans, et l'exode rural s'accélère tandis que la majorité des revenus des paysans ne proviennent plus de l'agriculture.


Les cimenteries, la sidérurgie, le bâtiment et les travaux publics, sont autant de piliers de l'économie chinoise, qui, avec l'irruption de l'automobile, transforment le paysage urbain. Mais ce développement, loin d'être maîtrisé, n'est pas toujours synonyme d'une meilleure qualité de vie.

"En Chine, 400 millions de citadins respirent de l'air gravement pollué", a déclaré cette semaine Pan Yue, directeur adjoint du Bureau national de protection de l'environnement, au quotidien Xin Jing Bao.

Des efforts pour planter des arbres sont réalisés à Pékin, qui sera ville olympique des trois ans, ainsi que dans certaines villes relativement aisées.

Mais la multiplication des conflits entre des promoteurs soutenus par les autorités et de simples citoyens attestent qu'en Chine, les individus ont encore du mal à être les acteurs d'un développement durable et équitable, en accord avec l'objectif affiché cette année par l'ONU pour la Journée mondiale de l'Environnement le 5 juin.

Les responsables locaux, parfois corrompus, acceptent souvent la dégradation du cadre de vie comme un prix à payer pour accélérer la croissance économique, selon Sze Pang Cheung, directeur de campagne de Greenpeace en Chine.

La Chine ne manque pas de lois pour protéger l'environnement mais les fonctionnaires ne sont pas motivés pour les faire appliquer, car "leur poste ou leur promotion dépendent de la croissance qu'ils parviennent à créer", explique Sze.

La qualité de l'eau pose un grave problème. Selon un rapport publié cette semaine par le gouvernement, près de 200 villes ne disposaient pas en 2004 de traitement des déchêts ni des eaux usées.

Au total seuls un tiers des eaux usées et 57% des déchets sont traités en Chine, d'après le rapport qui constate que les installations existantes sont "incapables d'assurer un développement durable dans les villes".

Les sept plus grands cours d'eau du pays et 25 des 27 principaux lacs du pays sont pollués, selon les statistiques officielles.

"L'eau de nombreuses rivières est impropre à la consommation. Mais il y a pire, certains cours d'eau ne peuvent même plus être utilisés pour l'irrigation", selon Sze Pang Cheung.

La pollution atmosphérique, elle, "est la plus grave dans les grandes villes de plus de 2 millions d'habitants. A Pékin, Shanghai (est), Canton et Shenzhen (sud), c'est un mélange d'émissions de charbon et de gaz d'écchappement automobiles", explique de son côté M. Pan.

Le charbon assure environ les trois-quarts de la production d'électricité chinoise, la plupart du temps dans des centrales de conception ancienne. Leurs émissions génèrent des pluies acides qui affectent aujourd'hui plus de la moitié des villes chinoises.

Les pluies acides provoquent une dégradation des sols et de la nappe phréatique qui peut conduire à la mort des arbres.

Sans économies d'énergies et une meilleure utilisation des ressources naturelles, "lorsque le Produit intérieur brut chinois aura doublé en 2020, le fardeau créé par la pollution aura doublé lui aussi", prédit Pan Yue qui entrevoit une véritable crise de l'environnement en Chine d'ici cinq à quinze ans.

ça fait froid dans le dos.

J'avais vu un reportage sur le choix des villes olympiques, qui doivent présenter un certain pourcentage d'espaces verts et dans lequel ont voyait des chinois en train de peindre l'herbe en vert justement pour atteindre le quota.

S'ils sont réduits à ça, on a plus rien à espérer... *eurk

Le vrai problème c'est que dans le monde d'aujourd'hui les plans d'actions en matière d'environnement des politiques sont calqués sur la durée de leur mandat, aucune vision à long terme. A chaque basculement de majorité tous les 3 ans à peu près les plans sont remis en cause, tout ce qui touche à la nature doit survivre aux luttes intestines des hommes. Les actions menées doivent s'étaler sur 50 ans à l'échelle de la planète et non pas des mandats. Aucune prise de conscience aujourd'hui n'a l'air de poindre.

C'est terrifiant. Bcp de ces avatars du développements économique sont exportable dans d'autres pays, y compris en France, sauf que là-bas c'est concentré sur un temps accéléré et à une échelle humaine de l'ordre du demi milliard... Et les structures politiques chinoises ne facilitent ni la prise de conscience ni l'intervention.

JB a résumé le problème : beaucoup de mauvaise volonté et un sens des priorité plus que discutable. Le temps géologique ou écologique se téléescope avec le temps politique. Mais ça touche pas seulement au problème de l'écologie d'ailleurs. Il y a une constante en politique qui veut qu'on part au plus pressé et que les générations futures se démerderont à leur tour avec ce qu'on leur laissera.

A quand un ministre d'Etat à l'écologie ? A quand un différenciation entre l'Aménagement du Territoire et l'Envirronement ? Deux ministère ça ne serait pas de trop. A quand un budget au moins égal à celui de la Défense ? La Constitution Européenne inscrivait la notion de développement durable. Avancée colossale qui n'a pas séduit les Français...


Nicolas Hulot Président ! *jesors (quoique je suis sûr qu'il ne serait pas un mauvais ministre)

En effet, le probleme du temps politique, qui s'apparente à la notion économique de "public choice" qui dit que les cycles économiques sont calqués sur les cycles politiques, est bien réel.
Le poids des multinational et leur capacité à echapper au droit national et international, la recherche de croissance à tout prix et l'ultracompetitivité sont aussi aux racines de ce mal. Comment concilier developpement et respect de l'environnement ??
De prime abord, l'écologie semble être un problème de riches (dans les faits, ce n'est meme pas verifié). C'est plus simple comme ca ....
Je crois que la phrase de JPII est assez pertinente et resume bien la situation quand il a affirme que l'économie doit être au service de l'homme et pas l'inverse.

Et d'une manière général, faire en sorte que le progrès soit au service de l'homme et pas l'inverse. C'est le grand défi pour l'avenir. Et c'est loin d'être de veine parole. ça serait ça la véritable révolution culturelle, qui permettrait ensuite de parler d'écologie, de solidarité, de développement durable. Erriger l'homme avant toute chose, ou en tout cas lui rendre la place qu'on a prétendu lui donner mais qu'il n'occupe pas.

Super pertinant !
l'écologie (un peu comme l'europe), c'est une notion de long terme... et de sacrifice. pas d'enorme sacrifices (à notre echelle de petits humains) mais une somme de petits : voilà aussi la complexité de la tache. nous avons tous un tas de gestes, d'habitudes qui participent à ce pillage et se delabrement de la planete...

Il est clair que la baisse des couts des produits n'est pas pour aider la lutte : aujourd'hui, il revient moins cher de racheter quelque chose plutot que de le réparer... plus de déchets, plus matières premières extraites et transformées par des processus polluants...

Pour la chine (ou les autres pays en plein developpement), c'est encore autre chose... On ne peut les blâmer d'aspirer au même train de vie que nous, et par les mêmes moyens...

C'est tragique à dire, mais je pense que toute voie politique est vouée à l'echec... Personne n'est en mesure de donner des leçons aux autres... Je ne vois qu'un cataclysme écologique sans précedant pour faire prendre conscience aux citoyens du monde de l'enjeu (et encore...). Je suis très pessimiste sur ce sujet, et très egoiste aussi : j'espere que cet evenement se deroulera loin de chez moi, ou qu'il me touchera le moins possible...