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 Le non français vise aussi l'élargissement à l'Est

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Guiguimaster
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Le non français vise aussi l'élargissement à l'Est Empty
MessageSujet: Le non français vise aussi l'élargissement à l'Est   Le non français vise aussi l'élargissement à l'Est EmptyMer 1 Juin - 9:59

Le non français vise aussi l'élargissement à l'Est


Citation :
Le rejet français de la Constitution européenne inquiète les nouveaux membres de l'UE car il traduit aussi un refus de l'élargissement à l'Est, pourtant célébré l'an dernier comme une unification historique d'un continent divisé pendant 40 ans par la guerre froide.

"Il sera désormais beaucoup plus difficile d'évoquer en Europe de nouveaux projets d'élargissement", a expliqué lundi le Premier ministre polonais Marek Belka, "les Français sont fatigués des changements qui se sont produits les années précédentes".

Pour l'éditorialiste tchèque Adam Cerny, le référendum en France a mis en évidence la crise d'un élargissement qui n'a pas encore digéré les dix pays, pour l'essentiel issus de la chute du communisme, nouveaux membres depuis mai 2004. "Un an après l'unification, la porte s'ouvre à une nouvelle division", estime-t-il. Durant toute la campagne du référendum, les partisans du non --de gauche et de droite-- ont peint une image noire de l'Europe centrale sans évoquer ses efforts prodigieux pour retourner à la démocratie et à l'économie de marché après quatre décennies de dictature communiste.

Le "plombier polonais" est soudain devenu le symbole honni de pays accusés pêle-mêle de dumping fiscal et social en cassant les prix en France, en pratiquant une fiscalité trop légère et en attirant, grâce à leurs très bas salaires, des entreprises en mal de délocalisation. "Je pense que l'élargissement à l'Est a plus joué que la candidature de la Turquie à l'UE", affirme Aurore Wanlin, de l'institut de recherche Centre for European Reform, à Londres. "C'est une peur irrationnelle mais c'est dorénavant une composante du malaise français vis-à-vis de l'Union européenne".

Cette peur est aussi teintée de xénophobie, selon elle. "Il y a un rejet de l'étranger", estime Aurore Wanlin. "On avait jusqu'ici un discours de la droite nationaliste et xénophobe sur l'immigration venue du Sud, maintenant on voit une gauche nationaliste présenter une variante soft sur la menace de l'Est", a affirmé vendredi dans le quotidien Libération Jacques Rupnik, un chercheur français spécialisé sur l'Europe centrale. "Peut-être, les partisans du non ont-ils mal digéré la chute du communisme et la disparition d'un modèle alternatif", a ajouté Jacques Rupnik qui a un temps été un conseiller du président tchèque Vaclav Havel.

Pour les analystes, la classe politique française est aussi coupable de ne pas avoir clairement expliqué aux Français les enjeux de l'élargissement. "Le débat sur l'élargissement a eu lieu a posteriori à l'occasion du débat sur la Constitution", relève Christian Lequesne, directeur de recherche à l'Institut de sciences politiques de Paris. Pour Christian Lequesne, au-delà des peurs sur la concurrence des nouveaux pays membres, "il y a aussi une grande angoisse française sur les limites de l'Europe: jusqu'où l'Europe ira-t-elle?". Et ce malaise va au-delà des reticences à intégrer une Turquie musulmane de plus de 70 millions d'habitants.

Mais la peur de l'élargissement, qui s'est exprimée dans le non, risque encore de réduire l'influence de la France dans les nouveaux pays de l'UE, qui se souviennent encore des remontrances publiques de Jacques Chirac sur leur soutien aux Etats-Unis avant la guerre en Irak. "La France a une mauvaise image et cela risque de s'accroître", juge Aurore Wanlin, surtout si le gouvernement français tente de répondre au malaise français en adoptant une attitude protectionniste. Dans la nouvelle UE élargie, le couple franco-allemand, sur lequel table encore largement Jacques Chirac, n'est plus tout-puissant.

"Il faut maintenant faire des coalitions de pays et pour cela il faut inclure les nouveaux pays membres", dit-elle.
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