RESIDENTIELLE - La confession des candidats ne semble pas influencer le choix des électeurs...
Gaffe ou humour? Lors d'un concert lundi à Washington, Madonna, fervent soutien de Barack Obama, s'est félicitée qu'un «musulman noir [soit] à la Maison-Blanche». De quoi décourager l'intéressé, qui a multiplié les références à la religion au début de son mandat –plus encore que George W. Bush– pour rappeler qu'il est de confession chrétienne et non musulmane, comme l'affirment de fausses rumeurs.
Pas de problème mormon
Selon une étude du Pew Research Center en juin, 17% des Américains croient encore que Barack Obama est musulman (contre 12% en 2008). Mais cela ne gêne que 19% d'entre eux. Côté républicain, surprise: le fait que Mitt Romney soit mormon ne semble pas non plus un obstacle pour conquérir la Maison-Blanche, contrairement à ce qu'ont martelé ses rivaux lors des primaires républicaines. Ces derniers jouaient notamment sur la méfiance des chrétiens évangéliques – soit une part importante de l'électorat conservateur –envers cette religion, la quatrième aux Etats-Unis avec 6 millions de membres.
Une fois que Romney a été désigné candidat républicain à la présidentielle, ses anciens rivaux ont subitement occulté le «problème mormon». Le camp démocrate a pris le relais, multipliant les attaques. «Il fallait qu'il s'explique sur sa religion, parfois perçue comme raciste, et fasse une sorte de repentance publique», raconte Bernadette Rigal-Cellard, auteur de La Religion des mormons (éd. Albin Michel).
Il n'en a finalement pas eu besoin: le débat s'est porté sur l'économie, reléguant la religion au second plan, en tout cas jusqu'à présent. Aujourd'hui, 44% des Américains ignorent même que Romney est mormon, et seuls 13% de ceux qui le savent sont mal à l'aise avec cela. La religion a beau être centrale aux Etats-Unis dans la vie privée (environ 80% des Américains sont croyants) comme publique –en témoigne l'inscription de la devise officielle, «In God We Trust» [«en Dieu nous croyons»] sur tous les billets depuis 1955–, il semble malgré tout que celle des candidats ne détermine pas le choix des électeurs.
Inquiétant d'une part ces pourcentages d'Américains ignares, moins le fait que la religion ne vienne pas polluer les débats plus que cela.