Inquiétude pour l'avenir de la France ?

"L'extrême inquiétude" d'un sociologue sur l'avenir français

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Le sociologue Michel Wieviorka a estimé lundi que les partisans du "non" au référendum sur la Constitution européenne croient pouvoir sauver un "modèle" français, pourtant en déclin inéluctable, et s'est déclaré "extrêmement inquiet" pour l'avenir du pays.

Pour comprendre ce qui s'est passé dimanche, a-t-il dit à l'AFP, il faut revenir sur l'histoire de ces trente dernières années.

"Nous sommes mal sortis de la grande époque industrielle. Nous sommes orphelins du conflit qui opposait le mouvement ouvrier et les +maîtres du travail+, lequel apportait un principe de structuration de la vie collective. Nous avons laissé s'accroître le chômage, l'exclusion, la précarité. Nous avons laissé s'accumuler des difficultés" qui n'existaient pas jusqu'à la fin des années 70, a expliqué le directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) qui était partisan du "oui".

"En même temps, nous sommes entrés dans une crise - qui n'a cessé de s'approfondir - de tous nos systèmes institutionnels. A commencer par celui de la République qui a de plus en plus de mal à tenir ses belles promesses: +Liberté, égalité, fraternité+", a-t-il ajouté.

Auteur de nombreux ouvrages, comme "Une société fragmentée?", "Violence en France" ou "La tentation antisémite", M. Wieviorka a cité les crises affectant l'école, la police, la justice, les entreprises de service public et a souligné les difficultés de notre "modèle" de gestion paritaire (sécurité sociale...).

Il a insisté sur les "trois énormes transformations" culturelles du pays en 30 ans: "on constate que l'idée de nation s'est transformée en idée nationaliste, très refermée sur elle-même (succès du Front national); on note la poussée des identités particulières (par exemple d'ordre religieux ou sexuel) dans l'espace public: or, ce n'est pas du tout ce que préconise le +modèle+ français qui veut, au contraire, que ces identités particulières restent privées. Il y a ainsi un développement foudroyant des particularismes chez les jeunes; enfin, on relève la poussée de l'individualisme, chacun voulant, plus que hier, exister comme individu, comme sujet de son existence".

"Le +modèle+ républicain traditionnel auquel on se réfère de façon un peu mythique, même s'il n'était pas parfait, intégrait ces dimensions. Mais voilà qu'il se défait... Et, quand tout se décompose, alors le système politique devient inadapté. Ce que nous venons de vivre est la marque de cette inadaptation", a dit M. Wieviorka en demandant: "comment voulez-vous que le système politique représente correctement la population alors que tout fiche le camp?".

"La crise politique est le fruit d'une incapacité à assurer la mutation sociale générale. On est face à un +modèle+ en déclin inéluctable et le vote +non+ est le fait de gens qui croient pouvoir le sauver".

"Les perdants de dimanche sont les partis politiques classiques, les triomphateurs sont les extrêmes des deux bords", a-t-il fait valoir en regrettant, d'une manière générale, "le déficit de projet politique, d'organisation, de leadership, surtout à gauche".

"Comment transformer un +non+ hétérogène, en désaccord sur presque tout (la Turquie, l'avortement etc), sans capacité de construire en lui-même les médiations nécessaires? La grande difficulté, pour ceux qui ont gagné, va être de transformer un cri en proposition qui ne soit démagogique", a conclu le sociologue, se disant "extrêmement inquiet, même si ce pays a des ressources".

c'est dommage que les leaders du non ne sachent âs lire ca pourrait les instruire... *hein
tres bon article Guigui mais quelle est ta source??

Agence France Presse ;)