Le Grand Prix du Canada est très attendu par tous les pilotes de F1. Haut lieu de la vitesse, le circuit Gilles Villeneuve fait partie des tracés difficiles à appréhender en terme de pilotage. Un défi très apprécié par les pilotes d'autant que l'atmosphère qui y règne, avec un public très proche de la piste, est fort agréable. Cette saison, avec un tracé complètement resurfacé, l'évolution des chronos devrait être grande avec, du coup, une importance toute particulière donnée aux premiers tours de roues pour les essais libres de vendredi.
Le Québec en terre promise.
Bienvenue au Québec! La banderole placée en bordure du circuit symbolise parfaitement le circuit Gilles Villeneuve car il est placé dans un virage particulièrement spectaculaire mais aussi parce que la gentillesse des Canadiens, légendaire, se ressent de suite. Il ne faut pas chercher bien longtemps pour remarquer que les pilotes, habituellement si peu enclins à sortir de leur bulle, le font bien plus facilement lors de cette étape. Mais au-delà de l'atmosphère agréable, c'est le défi proposé qui retient l'attention.
"Le circuit Gilles Villeneuve est l'un des plus rapides de la saison, avec une vitesse maximale proche des 320 km/h dans la ligne droite opposée", confirme Kimi Räikkönen. Le pilote McLaren Mercedes ne devrait pas traîner longtemps en queue de peloton car sa monoplace a montré une vélocité toute particulière à Monaco ou encore à Imola. De quoi donner le sourire à un Iceman qui aura tout de même l'énorme désavantage de s'élancer parmi les premiers lors de la qualification de samedi puisqu'il avait abandonné il y a quinze jours au Nürburgring.
Räikkönen: 320 km/h dans la ligne droite !
Une donnée accentuée cette saison car la piste a été complètement refaite. "Nous pouvons donc nous attendre à une forte évolution de la piste au fil du week-end, notamment due au phénomène de ressuage chimique - un paramètre imparable lié au revêtement neuf", confirme Pierre Dupasquier, directeur de la Compétition chez Michelin. Il ne faudra pas non plus négliger une donnée qui a pris une importance toute particulière lors des dernières courses: l'usure des pneumatiques. On l'a vu sur la Renault de Fernando Alonso à Monaco ou encore sur la McLaren Mercedes de Kimi Räikkönen au Grand Prix d'Europe, sans oublier évidemment les gros soucis de Bridgestone, qui équipe notamment les Ferrari. Au passage, Michael Schumacher ne partira pas dans l'inconnu à Montréal car il est le recordman de victoires avec sept succès à son actif mais aussi de pole position (6). Le pilote allemand possède sans doute plus qu'un autre les clés d'un succès qui le fuit depuis le début de la saison .
"L'absence de virage rapide et la succession de relances concentrent donc les efforts sur les pneumatiques arrières. Combiné au risque de températures élevées, ce tracé devient vite éprouvant pour les gommes arrières. Il faut donc prendre garde à ne pas générer un taux de patinage excessif, générateur d'usure rapide. Pour contrer ce phénomène, nous proposerons à nos partenaires des spécifications relativement rigides", précise Pierre Dupasquier.
Place aux gros coeurs
Mais plus encore que les pneumatiques, ce sont les freins qui seront mis à rude épreuve. En passant de 320 km/h à 100 km/h en quelques mètres, cela fait évidemment des dégâts. La succession d'accélération et de freinage impose les écopes de frein les plus grandes de la saison. Cela, couplé à un antipatinage qui aura une importance primordiale, et on trouve les clés du succès.
Car du côté du moteur, "le challenge très simple: le V10 doit être le plus puissant possible. En raison de la succession de virages lents et de grosses accélérations rencontrée autour du circuit, le moteur est utilisé en mode "on/off". Les pilotes sont toujours à plein régime entre les enchaînements freinage – virage – réaccélération, et il y a peu de dosage à régimes intermédiaires ou de virages de vitesse moyenne. Le pourcentage du tour passé à plein régime est élevé et couplé à la longueur des lignes droites, cela impose de gros efforts aux pistons", explique Rémi Taffin, l'ingénieur moteur de Fernando Alonso.
De la motricité et du couple, un antipatinage au point, sans oublier les pneus adéquats et des freins efficaces, le défi canadien est taille pour les gros cœurs...