Le Parti Pirate à l’abordage des régionales
Des élections «structurantes» en vue de 2012…
«Bon, on n’est pas vraiment au Palais de Bercy…», lance l’orateur. «Oh,
pas encore, tu veux dire…», lui répond son voisin. Les membres du
Parti Pirate annonçaient
ce jeudi devant un tout petit comité, mais non sans humour, leur entrée
dans la course aux élections régionales. Largement inconnu en France,
ce mouvement de libertaires numériques se rêve un destin calqué sur
celui de son grand frère suédois.
Né après le
sabordage du site de partage de fichiers en ligne The Pirate Bay et baptisé en son hommage, le
Piratpartiet a
raflé la mise aux européennes de juin 2009 en décrochant deux sièges à
Bruxelles (sur les 20 qui sont attribués à la Suède). Il est devenu de
fait la
3e force politique du pays scandinaveaprès seulement trois ans d’existence et avec des revendications
portant essentiellement sur la liberté numérique. Pas mal pour ceux
qu’on taxait de doux rêveurs.
UMP, vrai pirate?A leur image, les quelques propositions du Parti Pirate français pour
les élections de mars 2010 s’ancrent dans la sphère de la liberté
digitale. Réforme du droit d’auteur, des brevets, fibre optique rendue
publique mais aussi maîtrise de la surveillance par caméra et des
fichiers qu’elle génère: en gros, selon eux, la révolution
technologique a bien eu lieu mais «est partie dans le mauvais sens»,
comme l’explique Karima Rafes, n°2 sur la liste Ile-de-France du parti,
celui du «flicage» des citoyens et du bénéfice économique des
entreprises privées.
Les partis politiques traditionnels, dont la plupart des «Pirates» sont
issus, auraient également raté le coche de la «société de
l’information». «Le logiciel des partis n’est plus adapté. Ils
considèrent qu’Internet est un média comme les autres alors que c’est
un nouveau monde», assure Jean-Claude Frachet, tête de liste en
Ile-de-France. Et ne préparent donc pas l’Hexagone à un futur
numériquement serein.
«C’est bizarre d’être taxé de pirates, alors que qu’un certain parti oublie de payer les
droits sur une chanson dans un lipdub et
copie en intégralité un article de
Slate sur un site sans en avoir les droits», moque Jean-Claude Frachet, pourfendeur comme ses camarades de la
loi Hadopi.Il précise d’ailleurs que, en cas de résultat supérieur à 5%
-permettant à leur liste de fusionner-, l’UMP est d’ores et déjà exclue
de la liste de leur potentiel allié.
3.000 amis sur FacebookMais un tel résultat reste très hypothétique. Pour le reste du
programme, le Parti Pirate navigue un peu à vue sur l’échiquier
politique. Il se raccroche au triptyque républicain «liberté, égalité,
fraternité» et propose d’ouvrir le débat pour étoffer leurs
propositions. Une contribution de la société civile qui ne va pas
s’arrêter là: ils vont «ouvrir (leurs) listes à tout citoyen qui
souhaite (les) rejoindre». Car le parti est loin du compte pour se
présenter ne serait-ce que dans une région.
En effet, sur les 209 candidats que doit comporter la liste pour la
région Ile-de-France, les pirates n’en ont identifié qu’une vingtaine.
Un chiffre déjà honorable pour un parti qui ne compte que 53 membres.
Mais «3.000 amis sur Facebook», précisent-ils. Ne reste plus qu’à
mobiliser ces sympathisants numériques pour en faire des candidats
réels, pour que les régionales soient «structurantes» pour le parti. Et
lui permette de voguer vers le véritable cap du Parti Pirate: 2012.