Lionel Jospin a voté jeudi soir pour Martine Aubry lors de l'élection du Premier secrétaire du
PS.
L'ancien Premier ministre, qui n'avait pas participé le 6 novembre au
vote sur les motions en raison d'un déplacement prévu de longue date en
Estonie, s'est rendu à 18h45 au local PS du XVIIIe arrondissement, où
votaient les trois sections de l'arrondissement.
"Personnellement
j'aurais souhaité voter pour Bertrand Delanoë au premier secrétariat.
Je pense qu'il était le mieux qualifié pour faire ce travail dans les
deux ou trois ans qui viennent. Pour autant, ce soir, j'ai voté (...)
pour Martine Aubry au plan national", a-t-il expliqué après avoir
glissé son bulletin dans l'urne de sa section "La Chapelle-Goutte
d'Or". Il a croisé dans le bureau de vote son ami Bertrand Delanoë, qui
avait appelé lundi ses partisans à voter pour la maire de Lille."Au
congrès s'est dessinée une majorité potentielle très large pour une
orientation politique, même si elle n'a pas été malheureusement
concrétisée. Je pense donc qu'il vaut mieux que le Premier secrétaire
qui dirigera le parti dans les trois ans qui viennent soit à l'unisson
de cette orientation qui a été dégagée par les militants", a poursuivi
M. Jospin.Au passage, l'ancien Premier ministre, dont les relations sont très mauvaises avec
Ségolène Royal,
a répliqué aux attaques de la candidate contre le "vieux parti". "Dans
le socialisme, les 'néos', ceux qui ont été contre le vieux et pour le
neuf, n'ont pas toujours laissé de très bons souvenirs", a-t-il lâché.
Une allusion aux néo-socialistes des années 30, dont certains derrière
Marcel Déat optèrent pendant l'occupation pour la collaboration totale
avec l'
Allemagnenazie. "Le sujet n'est pas vieux ou nouveau, le sujet c'est à mon avis
plutôt une question d'authenticité", a conclu Lionel Jospin.Le
vote dans le XVIIIe arrondissement, fief de Bertrand Delanoë et de
l'historique "bande du XVIIIe" (Lionel Jospin, Daniel Vaillant, Claude
Estier, Bertrand Delanoë), a donné des résultats contrastés. La section
du maire de Paris a donné un net avantage à Ségolène Royal, qui y a
obtenu 53,3% des voix, devant Martine Aubry (27,8%) et Benoît Hamon
(18,9%). Martine Aubry a en revanche remporté la majorité absolue dans
la section de Lionel Jospin, avec 56,7% des voix, devant Ségolène Royal
(32,47%) et Benoît Hamon (10,82%).Beaucoup de militants
confiaient après le vote avoir choisi Ségolène Royal. "Je préfère le
parti de militants au parti d'apparatchiks", a expliqué Sylvain Lavaud,
un ancien adhérent qui a acquitté ses arriérés de cotisation pour
pouvoir voter. Danielle, une retraitée, a choisi Ségolène Royal après
avoir voté pour la motion Delanoë le 6 novembre en raison de l'attitude
"ignoble" du maire de Paris vis-à-vis de la candidate. "Vivement que le
parti change", a lâché Philippe Ardoin, un adhérent à "20 euros" de
2006.Certains électeurs de Martine Aubry paraissaient moins
convaincus. "C'est le choix obligatoire", confiait Josiane, une
retraitée "montée" spécialement du Var pour voter. "C'est quand même
mieux qu'autre chose". Bertrand Delanoë, venu voter un quart d'heure
avant Lionel Jospin, a reconnu "de la diversité". AP