Un film qui confirme que Clint Eastwood est un des plus grands réalisateurs en activité [était-ce encore nécessaire de le rappeler ?], un film utile pour la connaissance des attrocités de la guerre du Pacifique [La ligne rouge était déjà passée par là dans un style très différent], un film salutaire sur la construction politique du patriotisme, un film qui rend donc hommage aux hommes, aux soldats, aux combattants et rien qu'à eux...
Militariste ? C'est la principale critique qu'on peut lire ici ou là. Le propos d'Eastwood serait déplacé en ces temps d'engagements militaires des américains dans des guerres dont personnes ou presque ne perçoient encore le sens... Est-ce à Eastwood d'expliquer dans ces films la géopolitique actuelle ? Va-t-on lui lacher un peu la grappe ? Pourquoi n'aurait-il pas le droit lui aussi, sous prétexte qu'il est Républicain, d'être jugé sur le fond de ses films ?
Alors si comme moi vous êtes tombés sur ce genre d'articles, je ne saurais que trop vous conseiller de les considérer pour ce qu'ils sont : du PQ de fortune, de l'emballage pour poissons, ...
Le nouveau Eastwood n'est pas un film de guerre. c'est un film sur la mémoire de la guerre. La nuance tient à ceci : on assiste à un va et viens permanant entre le champs de bataille, le présent, et les scènes d'époques hors champs de bataille. Cette construction en flash-back peut paraitre déroutante. Il est vrai que parfois elle casse un peu la dynamique des images et qu'au final il n'y a aucune recherche de suspens. Le partie pris est différent : présenter l'enquête du fils d'un ancien combattant qui, après le décès de son père, décide de mener une enquête sur l'histoire des soldats qui érrigère le drapeau sur le sommet de l'île d'Hiwo Jima.
Cette fameuse photo présente dans tous les manuels scolaire et qui à l'époque servit le patriotisme américain et permit de lancer une vaste campagne de vente de bons du trésors pour financer l'effort de guerre. Eastwood décortique donc une image, une photo. Et tout le film ne sert qu'à montrer la différence, l'opposition parfois violente qui existe entre militaires et politiques.
Si Eastwood donne toujours raison aux premiers sur les seconds, son film n'est pas militariste pour autant. Les nombreuses scènes de combats, d'un réalisme rarement atteint, développent suffisamment le thème de l'absurdite de la guerre, de la violence aveugle..., Le champ de bataille d'Hiwo Jima est reconstitué à parti des photos d'époque. Jamais à ma connaissance champ de bataille n'a été aussi impressionnant. On se croirait sur Mars : une terre brulée, dévastée, un paysage cauchemardesque... et la mort partout. Bref on reste callé dans le fond de son fauteuil à pas faire le mariole, à se dire que Call of Duty 2 c'est bien rigolo mais qu'en fait on reste loin du compte... et puis parfois on regrettera quand même certaines longueurs en effet. Mais le thème est si salutaire et la manière de le traiter transpire tant l'intelligence qu'on peut bien nous aussi patienter de temps en temps.
Vivement la suite en janvier, la vision de cette même bataille côté japonais... Un Américain républicain qui se glisse dans la peau des Japonais de 1944, ça s'est une pari osé et une gigantesque savonette ! Patience donc :D