N'est il pas mignon?Un seul but pour Kim Jong-il: rester au pouvoirA la tête d'un régime communiste vivant en autarcie, le No1 nord-coréen Kim Jong-il, est l'un des personnages les plus mystérieux de la planète. Mais si on sait peu de choses sur celui que ses concitoyens appellent le "Cher Dirigeant", il ne fait guère de doutes que ses actes sont guidés par un seul objectif: se maintenir au pouvoir.
Kim, 64 ans, en a hérité en 1994, à la mort de son père, Kim Il-sung, le "Grand Leader", fondateur de la Corée du Nord, qu'il dirigeait depuis 1948. Objet, comme son père, d'un culte de la personnalité effréné, il est présenté par les médias comme un général prodigieux, un cinéaste exceptionnel ou encore l'"Etoile polaire du XXIe siècle".
Dirigeant habile, bien qu'atypique, son seul objectif semble être de se maintenir au pouvoir dans un pays pauvre et isolé, où lui et son entourage vivent dans un luxe inimaginable pour la plupart de leurs concitoyens.
L'annonce du premier essai nucléaire présumé de la Corée du Nord semble s'inscrire dans la stratégie de Kim Jong-il visant à tenir ses ennemis à distance en attisant les tensions en Asie et les craintes d'un éventuel conflit régional.
Elle montre que Kim a renoncé pour le moment à chercher un compromis avec l'administration Bush, qui à ses yeux est déterminée à renverser son régime, malgré les dénégations de Washington. Dans l'esprit du leader nord-coréen, l'arme nucléaire lui garantit qu'il ne connaîtra pas le même sort que Saddam Hussein en Irak.
Héros dans son pays, perçu comme un dictateur à l'étranger, Kim aspire à ce que la Corée du Nord soit reconnue comme un membre à part entière de la communauté internationale. Il veut également obtenir de l'aide et des accords commerciaux pour atténuer les difficultés économiques de son peuple et renforcer la popularité du régime.
Les Nord-Coréens "veulent être acceptés", souligne Michael Breen, auteur d'une biographie de Kim et spécialiste de la Corée du Nord. "Ils pensent sincèrement à leur manière que s'ils n'agissaient pas avec fermeté, ils n'attireraient pas l'attention et finiraient par être envahis."
Kim Jong-il a souvent été moqué à l'étranger pour ses combinaisons kaki, ses chaussures à semelles épaisses et ses cheveux bouffants destinés à le faire paraître plus grand que son 1,60 mètre. L'image de son visage poupin est présente sur des bâtiments publics et dans les foyers à travers le pays, et les médias officiels font état de ses écrits quotidiennement.
Il quitte rarement son pays et préfère voyager dans un train luxueux doté d'un accès Internet par satellite, plutôt qu'en avion. Mais il dirige son pays d'une main de fer, réprimant toute contestation. On pense que des milliers de prisonniers politiques sont détenus dans des camps. Des familles entières, même des enfants, sont emprisonnées uniquement parce qu'un de leur parent est accusé de crimes.
Avec les autres pays, il a toujours cherché à faire monter les enchères pour les amener à céder. Kim, que l'on dit féru de cinéma, notamment des James Bond et de films d'action hollywoodiens comme "Rambo", a peu d'autres choix pour attirer l'attention que de prendre des postures tendant vers la provocation.
Pour ses détracteurs, rien dans son parcours n'inspire la confiance. On le soupçonne ainsi d'avoir, avant son arrivée au pouvoir, organisé un attentat en 1983 en Birmanie, qui a tué 17 responsables sud-coréens, et un autre en 1987 contre un avion sud-coréen, qui a coûté la vie aux 115 occupants de l'appareil. AP