Des "couillons" aux "Chinois bouillis", florilège de la campagne italienne
ROME (AFP) - Silvio Berlusconi, avec son "couillons" lancé à l'électorat de gauche ou ses "petits Chinois bouillis", a brillé par son apport quasi quotidien de propos déplacés, insultants et vulgaires dans une campagne électorale où ses alliés mais aussi ses adversaires n'ont pas été en reste.
"J'ai trop d'estime pour l'intelligence des Italiens pour penser qu'il y a autant de couillons qui peuvent voter contre leurs propres intérêts", a publiquement lancé mardi le chef du gouvernement italien, avant d'ajouter, un grand sourire aux lèvres: "excusez ce langage grossier, mais efficace".
La veille, lors de l'ultime duel télévisé de la campagne, il avait traité Romano Prodi d'"idiot utile" après que son adversaire l'eut accusé de "s'accrocher aux chiffres comme les ivrognes s'accrochent à leur réverbère, non pas pour avoir plus de lumière mais pour essayer de tenir debout".
Silvio Berlusconi n'a pas non plus démenti sa réputation de déclencheur d'incidents diplomatiques: fin mars, il a incité les Italiens à lire "le petit livre noir du communisme" pour qu'ils puissent découvrir que "dans la Chine de Mao, ils ne mangeaient pas les enfants, mais ils les faisaient bouillir pour servir d'engrais dans les champs".
Parfois emporté par des accès de mythomanie, le chef du gouvernement s'est comparé à Napoléon puis à Jésus-Christ
lors de la campagne électorale. Il aussi très sérieusement promis de s'abstenir sexuellement jusqu'aux élections pour mieux s'assurer la victoire, avant de confier quelques jours plus tard que c'était "une blague".
Ses alliés du centre-droit n'ont pas eu forcément plus de retenue: "mieux vaut être fasciste que pédé" avait lancé, déchaînée, Alessandra Mussolini, la petite-fille du Duce et leader du parti néo fasciste Alternative sociale, lors d'un débat télévisé l'opposant à Vladimir Luxuria, candidate travesti du Parti Refondation communiste. :crazy:
Roberto Calderoli, ancien ministre des Réformes et dirigeant du parti populiste et xénophobe de la Ligue du nord, avait lui fustigé "les prétentions absurdes de ces pédés", en allusion à la revendication de la mise en place d'un Pacte civil de solidarité (PACS) à la française.
Au centre-gauche, le leader de la coalition Romano Prodi préfère glisser des railleries plus en finesse: "les seuls grands travaux réalisés par Berlusconi ont été son lifting et ses implants" capillaires, a-t-il ainsi ironisé.
Romano Prodi, plus austère que son adversaire, ne s'est cependant pas laissé démonter lors de leurs multiples parties de ping-pong par médias interposés.
Alors que Silvio Berlusconi s'était dit "disposé à débattre avec une chaise vide" si son adversaire refusait un duel télévisé, Romano Prodi lui avait "avant tout chose conseillé de monter sur la chaise" pour "pouvoir peut-être bénéficier d'une stature normale", en allusion à la petite taille du chef du gouvernement.
"Je ne sais pas si Prodi est plus grand que moi, mais il est sans aucun doute plus gros", avait lancé quelques jours plus tard le chef du gouvernement, avant de monter aussitôt sur une chaise avec un air jubilatoire.
Et alors que que Silvio Berlusconi se délectait à user et abuser du surnom de "mortadelle" que traîne depuis plusieurs années Romano Prodi, ce dernier avait affirmé que "les élections verraient le triomphe de la mortadelle" alors qu'il se faisait prendre en photo devant ledit saucisson.