L'université américaine d'Harvard a décerné jeudi soir ses Ig Nobel - ce qui se prononce en anglais comme ignoble -, sortes d'anti-Nobel qui ont notamment récompensé cette année des travaux, très sérieux, sur les testicules artificiels pour chiens.
Depuis 1991, Harvard récompense ainsi des recherches scientifiques aussi sérieuses qu'absurdes. Selon son fondateur, Marc Abrahams les Ig Nobel récompensent des travaux qui "ne peuvent pas ou ne devraient pas être reproduits".
Les lauréats venaient cette année d'une dizaine de pays dont l'Allemagne, l'Australie, le Canada, la Finlande, la France, la Grande-Bretagne, la Hongrie, le Japon, le Nigeria, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis.
Le Prix Ig Nobel sur la dynamique des fluides est revenu cette année à deux professeurs allemands travaillant dans une université finlandaise pour leur recherche sur la défécation chez les pingouins.
Les auteurs de cette étude, Victor Meyer-Rochow et Jozsef Gall n'ont pu venir recevoir leur prix au Sanders Theater de Harvard car ils n'ont pas obtenu à temps leur visa.
Prouvant qu'il était digne de son prix et doté d'un solide sens de l'humour, le professeur Meyer-Rochow a assuré au cours d'une vidéo-conférence qu'il espérait que ce problème de visa "n'avait rien à voir avec la nature explosive de ses travaux".
Le prix de médecine a été décerné quant à lui à l'Américain Gregg Miller qui a inventé les "Neuticles", des testicules artificiels pour chiens qui sont disponibles en trois tailles et trois différents degrés de fermeté.
Le très recherché Ig Nobel de la paix a été décerné à deux Britanniques de l'université de Newcastle pour leur "étude sur l'activité cérébrale d'une sauterelle regardant des extraits de Star Wars" et le prix de biologie est revenu à un groupe de chercheurs pour leur étude exhaustive sur les odeurs dégagées par 131 différentes espèces de grenouilles en situation de stress.
Peut-être pas si drôle que ça pour les lève-tard, le Ig Nobel d'économie a récompensé une jeune étudiante du Massachusetts Institute of Technology (MIT) de Boston, Gauri Nanda, qui a mis au point un réveil infernal, muni de roulettes, qui tombe par terre quand on appuie sur l'arrêt de l'alarme, se cache sous les meubles sans cesser de carillonner... jusqu'à ce qu'on soit obligé de se lever pour le trouver.
Dans ses attendus, le comité Ig Nobel explique que cette invention "assure que les gens sortiront de leur lit et devraient théoriquement avoir ainsi plus de temps à consacrer au travail".
Ces dernières années, les Ig Nobel ont récompensé des études sur l'impact de la musique country sur le suicide, l'utilisation des aimants pour faire léviter les grenouilles et l'effet de la bière, de l'ail et de la crème fraîche sur l'appétit des sangsues.
Le comité de sélection -un groupe qui oeuvre dans l'ombre- doit faire son choix, selon Abrahams, parmi quelque 5.000 projets.
Les gagnants sont discrètement contactés avant la cérémonie pour leur laisser la possibilité de décliner cette offre. Mais en fait ils sont peu nombreux à résister à cette récompense et sont même beaucoup à venir recevoir leur prix en personne et à leurs propres frais.
Les discours des récipiendaires sont limités à une minute et s'ils dépassent le temps imparti, un jeune maîtresse de cérémonie s'approche de l'orateur et lui glisse : "S'il vous plait, arrêtez, je m'ennuie".
La liste des études gagnantes est un florilège de loufoquerie: les docteurs James Nolan, Thomas Stillwell et John Sands ont ainsi partagé en 1993 leur prix en médecine pour leur étude incomparable sur une question angoissante "le traitement adapté du pénis coincé dans une fermeture éclair".
Et le docteur Mara Sidoli de Washington a été récompensée avec un anti-Nobel de littérature en 1998 pour son essai inédit: "Péter pour se protéger contre une horreur innommable