Ils ont dit sur la Constitution Européenne...

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Ces 8 et 9 mai, des cérémonies se sont succédé pour commémorer le soixantième anniversaire de la défaite de l'Allemagne pendant la Deuxième Guerre mondiale. Chirac y est allé de la gerbe traditionnelle et les grands de ce monde se sont retrouvés à Moscou pour une cérémonie collective.
La Deuxième Guerre mondiale a été une immense boucherie : 50 millions de tués dont la moitié pour la seule Union soviétique. Mais lorsqu'on voit les chefs des puissances impérialistes d'aujourd'hui commémorer ce qui fut une catastrophe pour les peuples, on ne peut ressentir que du dégoût tant est immense la responsabilité de leurs prédécesseurs et surtout celle des grands groupes capitalistes qu'ils servent et dont la rivalité a entraîné successivement la Première, puis la Seconde guerre mondiale. Et ces groupes, aussi bien les groupes allemands, les Thyssen, Krupp, IG-Farben, que les groupes concurrents britanniques, américains, français, sont toujours là, sous les mêmes noms ou sous d'autres. Ils prospèrent toujours de l'exploitation de leurs travailleurs et du pillage de la planète.
Oh, bien sûr, c'est le régime nazi au pouvoir en Allemagne qui a déclenché la guerre. Un régime infâme, arrivé au pouvoir par l'écrasement de la classe ouvrière allemande, applaudi pour cela par toutes les bourgeoisies d'Europe, y compris en France et en Grande-Bretagne, avant que la machine de guerre allemande menace leurs intérêts.
Mais réduire la Deuxième Guerre mondiale à une guerre entre nazisme et démocratie est un mensonge destiné à dégager la responsabilité des groupes capitalistes.
Côté Allemagne, c'était une dictature hideuse. Mais était-ce la liberté de l'autre côté ? Le 8 mai 1945, alors qu'on prétendait fêter la liberté revenue, il a suffi, en Algérie sous domination coloniale française, que des manifestants revendiquent l'indépen-dance pour que l'armée française et les milices de colons européens déclenchent une répression féroce à Sétif : 15 000 morts sûrement, 45 000 peut-être. Une répression assumée par un gouvernement comprenant tout l'éventail des grands partis politiques, des gaullistes au Parti communiste. Il n'était pas question, à l'époque, pour la bourgeoisie impérialiste française de se passer de ses colonies, pas plus qu'il n'en était question pour la bourgeoisie britannique. Ce sont leurs empires coloniaux qui leur permettaient d'échapper à l'étroitesse de leurs marchés nationaux et de contrer l'impéria-lisme allemand, particulièrement agressif car dépourvu de colonies. La démocratie en France et en Grande-Bretagne reposait sur l'esclavage de leurs empires coloniaux respectifs.
Contraints de "décoloniser", la France a dû s'entendre avec l'Allemagne pour créer ce "Marché commun" qui, rejoint par la Grande-Bretagne, est devenu, au fil des marchandages, "l'Union européenne".
Cette entente forcée entre impérialismes rivaux est-elle pour autant le règne de la paix ? Même pas. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, il n'y a jamais eu un moment sur la planète sans une guerre quelque part, y compris en Europe. Que l'on se souvienne de la guerre fratricide qui a déchiré l'ex-Yougoslavie avec, derrière elle, un sourd conflit d'intérêts entre la France et l'Allemagne, soutenant qui le camp serbe, qui le camp croate. Et de l'Afghanistan à l'Irak, il y a des troupes de pays européens aux côtés des troupes américaines.
Alors, lorsque les défenseurs du "oui" à la Constitution présentent celle-ci comme un instrument de paix, c'est un mensonge. Si elle prévoit une armée européenne pour le plus grand bonheur de nos marchands d'armes à la Dassault ou Lagardère, ce n'est pas pour faire la paix. La Constitution ne crée pas les conditions de relations fraternelles entre peuples, même à l'intérieur de l'Union. Elle ne fait que fixer les règles à l'avantage des puissances d'Europe occidentale, celles qui, alliées ou ennemies, ont toujours cherché à dominer le continent.
Cette Constitution qui, par ailleurs, n'apporte rien aux travailleurs, n'apporte rien non plus aux peuples.
La question qui sera posée au référendum ne mérite qu'une seule réponse : "non".

Arlette Laguiller


De mon point de vue, ce post est un peu comme une verrue purulente sur ce forum, alors autant le prendre comme une bonne blague. Et c'est pour ce genre de prise de position que le non risque de passer ?

Citation :

lorsqu'on voit les chefs des puissances impérialistes d'aujourd'hui commémorer ce qui fut une catastrophe pour les peuples, on ne peut ressentir que du dégoût tant est immense la responsabilité de leurs prédécesseurs et surtout celle des grands groupes capitalistes qu'ils servent

Les nazis manipulés par le grand capital... j'exagère à peine, je ne fais que lire entre ses lignes *mur

Même si ce qui est dit est en partie vrai, elle oublie un peu vite le partage de la Pologne et le pacte de non agression. Mais surtout, faire un parallèle entre le référundum et la paix c'est impressionant.

En gros ce qu'elle essaie de dire c'est: si vous votez non, il n'y aura plus de guerre *hein

Bref, si une constitution pouvait empécher les guerres ça se saurait, celle de 1789 défendue par les partisans du NON se pose là comme exemple.

Après que certains soient pour le NON, c'est compréhensible, des articles de cette constitution peuvent être interprétés de différentes façons (avec les compétence juridiques nécessaires) et je comprends les peurs que cela engendre.

Mais il ne faut pas oublier que cette constitution doit faire la moyenne à 25 des besoins de chaque pays et donc ne s'adapter parfaitement à aucun. Faire quelques sacrifices (peut être) et ne pas sombrer dans la paranoïa (sûrement) nous aideront (d'après moi) à réhausser le niveau de vie moyen des citoyens de l'Europe. Et c'est vers ce but que je pense qu'il faut tendre.

Citation :

Danielle Mitterrand s'est prononcée contre une Constitution européenne qui "transforme l'homme en sujet économique", jugeant "imprudent" d'utiliser le nom de l'ancien président socialiste pour faire voter "oui" ou "non" le 29 mai.

"Je trouve que c'est imprudent de vouloir faire parler quelqu'un qui n'est pas là", a déclaré la veuve de François Mitterrand sur France 2.

"Est-ce qu'on se serait trouvé dans cette situation s'il avait été là. On n'en sait rien. En tous cas, c'est un peu présomptueux", a-t-elle ajouté.

La présidente de la fondation France-Libertés, engagée dans de multiples causes altermondialistes, a lu un texte de son époux pour appuyer son choix de voter "non".

"L'homme et la génération d'hommes qui dans un éclair de lucidité discernent la nature du danger savent que s'ils acceptent de s'insérer dans le système, celui-ci les broiera", écrivait le chef de l'Etat.

Cependant, que ce soit au sein de sa famille - son fils Gilbert est partisan du nouveau traité de Rome - ou du Parti socialiste, Danielle Mitterrand comprend "tout à fait les arguments de ceux qui votent 'oui'".

Ils "pensent que de l'intérieur du système, ils pourront influencer la démarche des mauvais penchants de cette Constitution mais je crois qu'ils se trompent", a-t-elle ajouté.

"Je pense pour ma part que c'est une stratégie aujourd'hui dépassée, qu'on ne peut pas faire du petit pas et qu'il faut savoir dire 'non'", a-t-elle insisté.

"Je m'élève contre l'affirmation que ceux qui votent 'non' sont anti-européens et contre l'Europe", a-t-elle poursuivi, faisant allusion à Jacques Chirac, selon qui il est impossible de se dire Européen et de voter "non".

"UNE AUTRE DICTATURE"

"Je vote 'non', c'est vrai et j'ai des raisons. Je me dis que ceux de ma génération ont donné leur vie en 1940-45 pour construire et parce qu'ils rêvaient d'une Europe de paix. On l'a", a-t-elle expliqué.

"Ce traité constitutionnel institutionnalise une autre dictature que nous ne voulons pas. C'est le système qui fait de l'homme un sujet économique et qui oublie que c'est aussi un homme qui pense, qui génère la plus grande des misères humaines, le chômage, la pollution de l'eau, de l'air", a-t-elle jugé

Danielle Mitterrand

Je trouve assez honteux - et le fait qu'elle soit son ancienne épouse ne change rien à l'affaire - que Danielle Mitterrand se permette d'utiliser l'image de son mari défunt pour rameuter du monde à la cause du Non. Elle s'estime légitime pour faire parler les morts et leur fait dire ce qu'elle veut. Car il faut se souvenir que Mitterrand avait défendu Maastricht, et il n'y a guère que le fils pour le rappeler. A partir de là, c'est difficile de croire qu' il n'aurait pas défendu le TCE qui est le seule traité européen à ce jour à proposer autre chose que de l'économique.

Sinon, dans la mesure où il est mort, on peut aussi lui foutre la paix...

je suis pas d'accord, ce n'est pas elle qui utilise le nom de son mari, elle dit d'ailleurs que c'est imprudent et présomptueux. C'est le journaliste qui se sert de lui et qui paraphrase la veuve. Elle, elle expose juste son point du vue, qui est légitime.
d'un autre côté, ce qui se disent Gaulistes, ont également un mort dans le camp du oui...implicitement du moins.

Oui j'ai lu aussi ce qu'elle a raconté. Sauf que son avis, en temps ordinaire, soit elle le garde pour elle, soit elle en discute avec ses copines, mais elle fait pas une conférence de presse pour le donner à la France entière. Si elle est là c'est parce qu'elle a été appelé à la rescousse pour faire un coup politique, et la base de ce coup politique c'est uniquement l'aura de son nom... ils savent très bien que les hésitants de la gauche vont voir à travers elle la figure de Mitterrand et ils espèrent que ça va servir le non.

D'ailleurs, au sujet de la phrase de Delors qui a affirmé qu'en cas de victoire du Non un plan B serait proposé, phrase qui gonfle de suffisance et d'espoir les tenants du Non jusqu'à les convaincre un peu plus de la légitimité de leur croisade, je voudrais juste rappeler que tout le monde sait qu'il y a un plan B ! Et le voilà :

On change deux virgules.
On modifie trois mots.
Et on ratifie par voie parlementaire... *diablo

Il y aura une renégociation, c'est évident, mais ce ne sera pas une renégociation sur la seule base du NON de "gauche". Et ce ne sera pas une renégocitaion très profonde, parce que les français ne sont pas aussi beaux qu'ils se l'imaginent.

la renegotiation ca va etre quoi ?

on garde et on vote sur les parties I et II pour lesquelles une grande majorité est d'accord et ne redit pas grand chose, excepté le débat sur la laicité, ou sur le "droit de vivre"...

la partie III et les annexes seront regies par les traités existants

(croire que la Grande Bretagne ou que la Pologne vont nous faire la joie de dire oui à un traité plus social qui leur harmonisera vers "le haut" leur reglementation sociale, c'est comme espérer gagner un grand prix avec une Lada...)

bref, les partisans du non auront tout gagné :

sur le principe, ca ne changera strictement rien, ou presque, car ca sera sans la valorisation des services publiques, sans aucune reference ou presque au caractère social du marché unique... et que de toute facon, la renegociation d'un traité etablissant une constitution ou la renegociation d'un traité tout court, ca passera toujours par l'unanimité des 25...

*bravo

à votre avis... entre rever et avancer à petit pas... laquelle des situations vous rendra à terme, plus heureux ?